Liliane Safir, Olivier
Lussac
L'abstrait s'explique par un certain lyrisme et par une gestuelle
propre au mouvement de la peinture elle-même. C'est l'approche que
propose Vassily Kandinsky.
La peinture de Safir appartiendrait à cette seconde tendance. Il
s'agit d'une peinture de mouvement des formes et des couleurs, qui
se lient entre elles et se défont à cha que regard. Cette peinture
ne représente pas des objets concrets, mais des objets de peinture.
Car, au-delà de toute forme se cache une géométrie secrète et un
geste.(...)
Dans le carré, ce n'est pas le cadre qui détermine la densité des
éléments mis en place. Mais c'est la structure interne qui laisse
vivre les éléments. Le carré est une forme parfaitement équilibrée.
Elle est la forme la plus objective. Or, pour que la peinture soit
en mouvement, il faut alors provoquer un déséquilibre intentionnel
des formes et des couleurs. En jouant sur le format carré, Safir
ordonne volontairement une vision interne, dont le centre est une
structure disruptive. Mais l'ensemble forme une cohérence.
Les éléments de collage ne sont pas, dans l'æuvre de Safir, des
éléments de rajout. Ils sont une partie intégrante de la peinture.
Les papiers froissés, les bouts de journaux forment un nouvel apport:
le volume et la matière.
Dans la peinture de Safir, il suffit "d'assister à la véritable
genèse d'un univers qui s'y inscrit: couleurs et formes s'élancent
et s'enchevêtrent, font éclater leur puissane".(Dora Vallier)
De pures gravures
Le vemissage d'une exposition est souvent l;occasion pour des artisetes
ou des mécènes de remettre les pendules à l;heure en matière d;art
d'orientation culturelle.
L.Nardi, adjoint à la culture, n'a pas manqué de le faire, ce vendredi
soir au Plateau d'Assy, lors de la présentation de deux graveurs:
A Bar et L. Safir.
Après avoir insisté sur l'importance de , et mis l'accent sur la
nécessité de permettre au plus grand nombre l'accès à l'art, il
se faisait le vecteur d'une < culture émancipatrice>. A Bar
put corroborer cette analyse en expliquant sa démarche et ses projets
pédagogiques réalieés avec les enfants de son village.
Travaillant essentiellement sur cuivre, l'artuste iyvre ybe recherche
sur le mouvement, puisant son inspiration dans le jazz et les arts
martiaux, Il cherche à immobiliser des empreintes (traces d'encre
dans le cuivre), à fixer des instants dans la profondeur afin de
"déjouer le temps" glouton.
Le regard s'arrête à la surface mais ne s'y fixe pas, au delà de
la présence et de la matérialité des corps.
La démarche initiale est un peu la même pour L.Safir:
partir de la matière pour nous amener à ---delà du voir, à une vision
élargie, Prenant pour support des bois lattés essentiellement, l'artiste
mouille ses papiers afin d'imprimer les creux du bois, avant de
passer l'œuvre sous presse.
Le résultat est un mariage harmonieux entre le noir et le blanc,
d'où jaillit parfois une lumière surprenante, issue du noir même,
et fondamentalement liée à un mouvement d'ensemble.
Les réponses et les questions du public présent ce soir- là ainsi
que l'intérêt manifesté prouvent que l'art a bien droit de cité,
aussi bien en ville que dans nos compagnes reculées. C'est tout
le mérite de la commune de Passy que de croire à cela.
Deux graveurs de talent au Plateau d'Assy
Le centre culturel de Passy, situé au Plateau d'Assy(ancien centre
d'ergothérapie), reçoit du 15 janvier au 9 mars deux artistes de
renom, graveurs de qualité : le Savoyard Alain Bar et la Prieienne
d'Argentière Liliane Safir.
Alain Bar vit et travaille à Conflans, cité médiévale d'Albertville.
Ce graveur, porteur d'un savoir traditionnel, d'une expérience faite
à la fois de technique et de valeur artistique, traville le cuivre
avec patience, méticulosité et maîtrise, La gravure commune par
le choix du thème Alain Bar est très attaché à l'image des sports
et sports d'hiver, athlétisme, judo, golf, cyclisme, mais aussi
arts martiaux et la musique, dont le jazz qui illustre l'exposition
de Passy. Il recherche le geste, le mouvement du corps en plein
effort, Il peaufine le dessin puis le transcrit sur la feuille de
cuivre qu'il découpe, épure et polit, C'est ensuite le travail de
la presse à la main, un passage pour chaque couleur, Le résultat
est étonnant de pureté et de beauté plastique et l'illustration
d'un sujet choisi est frappante de vérité:
Telle est l'intelligence de l'art d'Alain Bar.
Liliane Safir vit et travaille à Boulogne-Billancourt mais passe
ses vacances à Argentière. Elle est peintre depuis de nombreuses
années et s'adonne à la gravure depuis six ans.
Elle n'est pas attaché2 à un thème particulier. Ses œ uvres sont,
en général, abstraites comme celles qu'elle présente à Passy, mais
elle ne dédaigne pas le figuratif, ajoutant souvent à son dessin
des collages qui lui donnent une profondeur ététonnante, en particulier
pour une série sur la montagne et les glaciers.
Sa méthode de travail est differente de celle d'Alain Bar. Elle
prépare, elle aussi, son dessin avec talent et sa maîtrise de peintre,
puis elle le reproduit et le grave sur une plaque de bois dur, Ensuite,
là aussi grâce à la presse à main, le tirage se fait sur papier
en plusieurs passages suivant les couleurs.
Il est indispensable de découvrir les dessins de qualité de ces
deux graveurs.
Exposition ouverte tous les jours de 14H 30 à 18H 30 au Centre culturel
municipal de Passy (Le Plateau d'Assy) du 15 février au 9 mars.
La gravure à l'honneur
Passy a l'habitude de recevoir les artistes l'été, plus rarement
l'hiver. Il en est pourtant deux excellents qui ont en ce moment,
leurs œuvres sus pendues aux cimaises du Centre culturel municipal
au Plateau de Passy.
Il s'agit-là de deux graveurs de renom que nous vous avons déjà
présentés dans notre édition du 13 février.
L'un, Alain Bar, est Savoyard et grave le cuivre avec force minutie,
l'autre, Liliane Safir, vent de la région parisienne, mais a Argentière
pour village d'adoption, Pour elle, la gravure se fait par l'intermédiare
du bois, ce matériau noble s'il en est.
Le premier donne plutôt dans le genre figuratif avec sport et jazz,
la seconde sacrifie plus à l'abstrait.
Dans les deux cas, l'on peut parler d'une rare réussite.
Lors du vernissage, en présence des artistes, de nombreuses personnalités,
dont M. Le Maire Gilbert Perrin, son adjoint délégué à la culture,
M. Laurent Nardi, ainsi que d'autres élus, le docteur Jean Soudan,
président de l'Association "L'art au pays du Mont-Blanc"
a présenté les œuvres et leurs réalisateurs avec la précision et
la concision d'un connaisseur qu'il est.
Cette exposition restera ouverte jusqu'au 9 mars, tous les jours
de 14 h 30 à 18 h 30 au Centre culturel municipal au Plateau de
Passy(anciennement centre d'ergothérapie).
Une visite incontournable pour tous les amateurs d'art et de belles
choses.
B.LOMET
Nouvelles acquisitions au Musée alpin
Lors du vernissage de la nouvelle exposition hivernale du Musée
alpin-"Les nouvelles acquisitons du Musée alpin"- qui
avait lieu vendredi dernier, le conservateur Catherine Poletti présenta
le squelque 24 pièces acquises par le musée en 96.
En préacbule de son invitation à la visite de son exposition, Catherine
Poletti mentionna les quatre grandsaxes qui se dégagent de ladite
politique d'acquisition du musée. Tout d'abord, "il s'agissait
de compléter les collections déjà existqntes; ,mais aussi de retenir
dans la région des œuvres dont la dispersion constituerait une forte
atteinte pour le patrimoine local".
Puis, elle insista sur la nécessité d'ouvrir de nouveaux champs,
notamment dans le domaine de la création contemporaine, en ajoutant:
"Sans collection, il n'y a pas de musée. Et si cette collection
n'est pas constamment enrichie et entretenue, le musée meurt."
Donc, il est nécessaire de continuer à acquérir de nouvelles œuvres
et, comme l'exprime si bien Catherine Poletti, d'hier mais aussi
rassembler celui de demain".
Ensuite et avant de se rassembler autour du verre de l'amitié, les
invités furent conviés à découvrir ces nouvelles picèes. D'ailleurs,
le maire Michel Charlet profita d'une visite guidée par Mlle Poletti
et tous les amoureux du musée réunis ce soir-là, ainsi que différentes
personnaltiés chamoniardes, se sont réjouis de cette visite.
Une nouvelle fois, les amateurs d'art iconographique pourront apprécier
la qualité de ces nouvelles acquisitions dont les artistes vous
se ront présentés dans nos colonnes prochainement.
L.P.
Les echos de la bien
Depuis le 19 octobre et jusqu'au 1er décembre, au musée de Saint-Maur-Villa
Médicis, se déroule la 4ème édition de la Biennale d'Arts graphiques
de Saint-Maur. Créée en 1990, cette manifestation unique en son
genre, consacrée à tous les arts graphiques, constitue un événement
artistique de très grande ampleur.
Cette année, avec la tubrique "Les Echos de la Biennale"
Villages a souhaité vous faire vivre cet événements de l'intérieur
et vous permettre de découvrir <<les coulisses>> de
l'exposition. Des rendez-vous réguliers à suivre dans nos colnnes....
Villages vous propose cette semaine une nouvelle rencontre avec
un des artistes primés à l'occasion de la quatrième Biennale: il
s'agit de Mme Liliane Safir, qui a obtenu le Premier Prix dans la
catégorie <<Estampes>> pour son oeuvre intitulée <<Hommage
à Jean Arp>> (xylographie et collage).
Villages:Pourquoi avoir choisi de rendre un hommage à Jean Arp?
Liliane Safir:La raison est très simple:j'apprécie énormément la
sculpture et le travail de cet artiste, J'avais conservé dans mon
atelier l'affiche qui a servi de support à mon travail et cetter
affiche m'intéressait beaucoup: j'ai donc eu tout naturellement
envie de la taduire avec l'expression de la gravure...
Villages:Y a t-il des éléments ou des approches qui vous plaisent
plus particulièrement dans les travaux de Jean Arp?
Liliane Safir:Il n'y a pas vraiment d'étéments spécifiques; c'est
l'ensemble de son oeuvre dt de sa démarche qui m'intéress: les thèmes
dont il s'inspire, les formes qu'ilemploie, les matériaux qu'il
utilise... En outre, c'ext un univers dans lequel je suis baignée
quasiment quotidiennement puisque mon atelier est situé à Clamart,
à proximité de la Fondation Jean Arp que je connais très bien et
où je vais très régulièrement voir des expositions. Tous ces élécents
conjugués font que je suis très réceptive et tout à fait sensible
à l'oeuvre et à la vision de ce sculpteur.
Villages:Revenons à votre oeuvre primée ; quelle technique avez-vous
employée pour la réaliser?
Liliane Safir:De la xylographie ; c'est à-dire de la gravure faite
sur bois et tirée sur papier. En ce qui me conceme, j'y ajoute très
souvent des collages, comme c'est le cas pour cet <<Hommage
à JeanArp>>.
Villages:Réalisez-vous exclusivement des gravures ou pratiquez-vous
également d'autres formes d'art?
Liliane Safir:Je suis peintre depuis de nombreuses années; j'ai
commencé à m'intéresser à la travure il y a cinq ou six ans seulement.
Mais je n'ai pas cessé de peindre pour autant; je passe de la peinture
à la gravure selon l'inspiration et toujours en obéissant à une
certaine continuité.
Villages:Avez-vous l'habitude de travailler à partir d'un thème
imposé?
Liliane Safir:Non, je n'ai pas l'habitude de travailler à partir
de thèmes; en régle générale, je n'aime d'ailleurs pas les thèmes
trop restrictifs, mais j'ai trouvé que <<Composition à la
fenêtre>> offrait réellement de vastes possibilitéa d'interprétation.
Ce thème m'a du reste largement inspiré puis que j'ai déposé deux
gravures à la sélection : l'hommage à Jean Arp, que vous connaissez,
ainsi qu'une autre gravure, non figurative, qui représente un paysage
et qui s'intitule<<Vue sur la falaise>>.
Villages:Quelle a été votre réaction lorsque vous avez appris que
vous faisiez partie des lauréats de la Biennale?
Liliane Safir:J'étais bien évidemment très heureuse, et aussi quelque
peu surprise dans la meture où je ne connaissais pas l'exposition
; je n'avais donc aucune information sur la tendance, l'expression,
le nombre et le niveau des autres participants.
Villages:Qu'est-ce que cela représente à vos yeux?
Liliane Safir:C'est une reconnaissance du travail accompli, ce
qui est un élément très important pour tous les artistes. C'est
aussi une immense satisfaction qui apporte un profond sentiment
de réconfort. C'est en tous les cas comme cela que je le perçois.
Villages:Quel jugement portez-vous sur l'expositon?
Liliane Safir:Elle est très intéressante; je considère que le choix
des oeuvres sélectionnées est globalement très bon. le traitement
du thème a été particulièrement réussi par les artistes et la disposition
des oeuvres dans le musée est également bien conçue.
Villages:En dehors de la Biennale, quelle est votre <<actualité
artistique>>?
Liliane Safir:Je participe à une exposition à Paris, à Espace Branly,
jusqu'au 18 novembre. J'ai également la chance d'avoir de nombreuses
propositions pour exposer mes gravures à éatranger dans différents
pays; j'ai actuellement cinq de mes gravures qui sont exposées à
la Biennale de Cracovie, trois autres qui sont exposées en Egypte
à la Biennale du Caire, sans oublier un toile qui se trouve en ce
moment exposée à Tokyo.
Propos recueillis par Olivier Clodong
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